Niklaus Riggenbach, le père des chemins de fer de montagne à crémaillère en Suisse aura 200 ans le 21 mai 2017. Le chemin de fer Vitznau-Rigi, la locomotive à vapeur Gnom et le système à crémaillère Riggenbach exposés dans la Halle du Transport Ferroviaire témoignent de son oeuvre.
Texte Claudia Hermann
Niklaus Riggenbach compta non seulement parmi les 100 Suisses les plus célèbres lors de l’exposition nationale de 1939, mais il est aujourd’hui encore présenté comme un pionnier de la technique au sein du Swiss Hall of Fame numérique. Né le 21 mai 1817 en Alsace, Niklaus Riggenbach grandit à partir de 1827 à Bâle. Après un apprentissage de mécanicien, il poursuit son chemin à Lyon et à Paris, avant de rejoindre l’usine de machines d’Emile Kessler, à Karlsruhe, en 1844. À l’époque, on y construisait les locomotives à vapeur de la Spanisch-Brötli-Bahn (SNB). En 1853, la Schweizerische Centralbahn l’embauche comme directeur et contremaître mécanicien de son atelier de réparation à Bâle (à partir de 1855 à Olten). Celui-ci est transformé sous sa direction en usine de locomotives, où seront fabriquées les six premières locomotives du chemin de fer Vitznau-Rigi.
Niklaus Riggenbach était un spécialiste des chemins de fer créatif et ambitieux. Au début des années 1860, il conçoit une crémaillère à échelons, avec un rail intermédiaire, afin de pouvoir venir facilement à bout des tronçons de montagne. Niklaus Riggenbach prévoyait notamment d’utiliser ce système perfectionné avec l’aide du professeur Carl Culmann pour traverser les Alpes. Il proposa donc également cette solution en 1868 pour la traversée du Gothard. Cependant, il manquait d’influence au sein de la société ainsi que des capitaux nécessaires à la réalisation d’un chemin de fer de montagne à crémaillère. Lorsque Silvester Marsh construisit en 1866 le tout premier chemin de fer de montagne à crémaillère sur le Mont Washington, aux États-Unis, il fournit la preuve effective qu’un chemin de fer à crémaillère était réalisable.
Ceci poussa John Hitz, le consul général suisse à Washington, lors d’une visite en Suisse fin mai 1867, à suggérer à Niklaus Riggenbach d’utiliser la crémaillère à échelons sur la montagne panoramique extrêmement prisée du Rigi. De plus, la collaboration avec les ingénieurs Adolf Näff et Olivier Zschokke, tous deux très influents, incita le parlement cantonal lucernois à accepter la demande de concession pour le chemin de fer Vitznau-Rigi en l’espace de quelques semaines, en juin 1869. Le tronçon Vitznau–Rigi-Staf felhöhe put être inauguré le 21 mai 1861. Avec la construction du premier chemin de fer de montagne à crémaillère d’Europe, Niklaus Riggenbach fut considéré en Suisse, le pays des remontées mécaniques, comme leur fondateur.
Niklaus Riggenbach ne bénéficia malheureusement que de peu d’années pour savourer la réussite de son système. Bien qu’il l’ait fait breveter, jouissant ainsi d’un monopole mondial pour les remontées mécaniques jusqu’en 1885, la crise économique mondiale freina de manière drastique la construction ferroviaire à partir de 1876 et lorsque celle-ci se releva, on lui préférera le système à crémaillère de son ancien collaborateur Roman Abt à partir de 1888. Niklaus Riggenbach dut également af fronter la concurrence très rude de l’époque qui régnait au sein de la technologie de pointe des chemins de fer avec sa propre usine de machines «Internationale Gesellschaft für Bergbahnen» IGB, à Aarau – fondée en 1873 avec Olivier Zschokke. Son lancement fut fulgurant avec un capital-actions de 25 millions de francs, l’effondrement des commandes provoqué par la crise économique en fut d’autant plus dramatique. Même les efforts de Niklaus Riggenbach, alors âgé de 63 ans, pour obtenir encore une commande en Inde en 1880 n’y changèrent plus rien: IGB fut liquidée à Aarau alors qu’il était encore en voyage. Après cette faillite, il ne fut plus question de grande percée pour Niklaus Riggenbach. Son autobiographie «Souvenirs d’un vieux mécanicien», publiée pour la première fois en 1887, remporta pourtant un énorme succès populaire et servit à l’édification de la jeunesse scolaire jusqu’en 1967. Niklaus Riggenbach mourut le 25 juillet 1899 à Olten, dix ans après s’être retiré de la vie professionnelle.
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